Dans le jargon populaire, Tombouctou signifie le bout du monde. Les habitants de Tombouctou, eux, déclarent que leur ville est au centre du Monde. Tout est question de point de vue.
C’est le mien, celui du promeneur, du curieux, qui depuis trente ans ne se lasse pas de retourner dans cette région d’Afrique que j’aime et qui me fascine. Premières images, premier étonnement. Il pleut sur le Sahel. Des trombes d’eau. Sahel vert, Sahel qui sourit. Nous sommes sur la falaise de Bandiagara, au cœur du pays des Dogons. L’un des peuples les plus étudiés d’Afrique. Des plus attachants. Des plus mystérieux. Roches rouges, comme la chaleur du soleil. Architecture étonnante. Villages accrochés aux éboulis. Comme pour retenir les pierres.
Chaque geste ici a un sens. La parole est divine. Comme la navette sur le métier à tisser. Comme le son du marteau qui bat le fer. Habitations troglodytes, failles dans des rocs gigantesques, maisons à palabres où le toit est bas pour empêcher quiconque de dominer les autres.
Départ pour la cité sainte de Djenné, dont la mosquée est le plus grand bâtiment en terre du monde. S’y déroule aussi l’un des plus beaux marchés du pays. Le lieu est dévoilé. Nous sommes au centre du Mali, terre qui vit naître les plus grands des empires africains. Terre aux multiples ethnies, où chaque souffle de vent porte les paroles des griots, chanteurs-conteurs légendaires. Le Mali, c’est aussi, et surtout un fleuve : le Niger. Une boucle de 1700 kilomètres, au sommet de laquelle naquit une cité prestigieuse, Tombouctou. Là où le Sahara rencontre le grand fleuve.
Tombouctou, porte du désert, et porte de l’Afrique noire. Trait d’union entre deux mondes. Celui des nomades et des sédentaires, des éleveurs et des cultivateurs. Un étonnant bateau nous y emmène. Et la voici la mythique cité. Elle vit, cette ville du bout du monde. Étonnements garantis. Souvenirs de jeunesse. Salle de jeu multimédia et guérisseuse touareg, 4×4 et caravanes de chameaux. Fantasmes d’aventures et réalités du XXIème siècle.
De retour vers le sud, une piste à gauche. Vers le pays des éléphants. Des éléphants au Mali ? Légende… Et pourtant, ils tournent… Le dernier troupeau du Sahel. Dans une transhumance annuelle. Ils accomplissent en douze mois une boucle de plusieurs centaines de kilomètres, à la recherche d’eau et de nourriture. Un peu de retard, et les mares asséchées se transforment en cimetières d’éléphants. Et enfin la pluie revient. Avec les troupeaux des éleveurs peuls. L’herbe pousse, les jeunes nomades se retrouvent pour danser. La vie renaît. Et chante le retour des éléphants. Un film découverte, un film émotion, un moment de la vie d’un voyageur… De ma vie.
Le programme du film
- Le pays des Dogons.
- Le peuple de la falaise de Bandiagara.
- Mythes et croyances. Animisme et Islam
- Les danses des masques
- Au fil des villages
- Le Gourma, terre des éléphants
- La grande migration
- Djenné, la cité de Banco
- Mopti, la fille du fleuve
- Destination Tombouctou via le fleuve
- Tombouctou, porte du Sahara
- Nomades et sédentaires
- Le festival au désert
Production: MDContact-Belgique et MNDCom-Suisse / Réalisation: Michel Drachoussoff
Sujets
Nomades
Deux grands groupes forment ceux que l’on appelle les nomades du Sahara Malien : les Maures et les Touareg.
Environ 80.000 sur le territoire malien, d’origine arabo-berbère, les Maures parlent l’Arabe, parfois le Tamachek (les Kel Antassar) et vivent principalement dans une zone située au nord/nord-ouest de Tombouctou. Les tribus les plus importantes sont celles des Kounta, Kel Antassar, Berabiches et Kel Araouan. La plupart des Maures sont éleveurs et nomadisent entre Tombouctou et la Mauritanie. Certains groupements se sont spécialisés dans le commerce et les caravanes : les Berabiches et les Kounta. Les Touareg du Mali sont environ 400.000 (Bellas compris) et sont regroupés en fractions ou tribus dont les plus importantes sont les Iforhas, les Ouliminden, les Tengueridif, les Kel Gossi et les Kel Antessar (groupe métissé de Maures et de Touareg parlant le Tamachek). La puissance des Touareg a diminué rapidement depuis la colonisation. La pacification des colonisateurs ne fut pas toujours simple, pas toujours juste, L’abolition de l’esclavage contribua à déstabiliser et à affaiblir les Touareg, les obligeant à modifier leur mode de vie traditionnel. La division de l’espace saharien en plusieurs pays a entraîné l’établissement de frontières véritables, perturbant l’économie de ces nomades.
La difficulté du dialogue et de la compréhension mutuelle entre les peuples nomades du nord et sédentaires du sud, les sécheresses successives décimant hommes et troupeaux, le véritable gouffre séparant le niveau de d’éducation scolaire chez les sédentaires de celui des nomades, tout cela a engendré une terrible spirale d’appauvrissement pour les éleveurs touareg, et les a précipité dans un immense désarroi culturel. Ils savent que le monde, leur monde a changé. Que plus rien ne sera comme avant.
Alors, certains prennent les armes, d’autres s’enferrent dans le silence des pauvres, d’autres encore s’engagent dans la lutte politique, ou dans celle de la scolarisation. La sédentarisation de milliers de nomades est un fait. Le long des rives du Niger, ils cultivent le riz. Parfois des céréales. Et leurs mains s’endurcissent au contact de la houe, leurs dos aujourd’hui courbés souffrent physiquement d’une position qu’autrefois ils considéraient moralement indigne. Leurs larmes et leur sueur ne suffisent pas à refaire pousser les pâturages qui autrefois faisaient d’eux les seigneurs du désert.
Dans les espaces du « vrai » désert, dans le Hoggar, l’Aïr, le Ténéré, l’Adrar des Iforas, la force du vent et des esprits ont permis à ceux que l’on appelle avec respect « les hommes bleus » de continuer à vivre dans la tradition des ancêtres. Mais sur les rives du Niger, dans les pâturages du Gourma, une nouvelle vie s’est imposée. Pour le meilleur, et pour le pire.
Mopti
Mopti. Celle que l’on appelle Venise malienne. Etrange comparaison. Pour Venise. Comme pour Mopti. De l’eau certes. Celle du Bani qui un peu plus loin se mêle à celle du Niger.
Des pirogues. Les petites pour le transport local, les moyennes et les grandes (pinasses impressionnantes) pour le régional. Certaines vont jusqu’à Gao, ou Bamako. Mopti ne fut jamais cité d’empire. Elle est contemporaine, elle est commerçante.
Ville des pêcheurs Bozo et Somono. Mais aussi celle du riz, des paysans Sonrhaï et Bambaras, celle des Peuls qui nomadisent non loin, celle des Dogons dont le pays est proche. Au cœur du delta central du Niger, nœud commercial, carrefour fluvial, Mopti est lieu d’échanges et de rencontres.
Gourma
Cette région très particulière se situe à l’intérieur de la boucle du Niger. Paysage sahélien avec ses dunes, ses plateaux de latérite, ses paysages vallonnés. Une série de lacs et de mares alimentés par les pluies (rares) offrent de l’eau aux hommes et aux animaux environ 9 mois par an.
Dans les vallons et les dépressions, des forêts formées principalement d’épineux de type acacia abritent une faune peu abondante (gazelles, phacochères, lièvres), victime de braconnage et de chasse incontrôlée pendant des décennies. Sur les dunes, une herbe épineuse, communément appelée cram-cram, et dont les graines s’accrochent aux vêtements.
C’est le pays du dénuement et les rythmes de vie s’adaptent à la nature, à l’écologie. Le Gourma est peuplé principalement d’éleveurs semi-nomades ou transhumants, mais de plus en plus d’agriculteurs, en quête de nouvelles terres, s’installent dans la région.
Zone de passage, de transition, les chameaux y sont remplacés par les ânes. Sel gemme vers le sud. Mil vers le nord. Le chameau, c’est pour le sable. L’âne, pour la poussière. Ici, les lois de la nature sont particulièrement dures, l’austérité et le dépouillement omniprésents. Plantes, bêtes et hommes s’entêtent à ne pas mourir.
Falaise, plateau et villages Dogons
Quand je reviens dans cette région de prime abord inhospitalière, couverte de cailloux ou d’impressionnantes plaques de roche rouge, je ressens la même excitation, la même joie de me retrouver en terre connue, amie et toujours mystérieuse.
40 kilomètres de piste caillouteuse. De temps à autre, dans une petite dépression, un mince filet d’eau retenu par un barrage permet l’arrosage de champs d’oignons ou d’autres plantes maraîchères. Taches vertes ponctuant un univers minéral.
Et puis, tout à coup, apparaît la falaise appelée « de Bandiagara ». Au-delà, l’immense plaine sablonneuse du Seno-Gondo s’étend jusqu’au lointain Burkina Faso. A mes pieds, cette spectaculaire falaise de grès, d’une hauteur moyenne de 150 mètres et d’une longueur de 200 kilomètres qui abrite l’un des peuples les plus fascinants d’Afrique. Ma première découverte de cette région remonte à 1976. Les touristes étaient rares, et il était quasi obligatoire de passer par la SMERT (Société Malienne d’Exploitation des Ressources Touristiques) pour se rendre à Sangha. Deux campements spartiates accueillaient les voyageurs. Parcourir les villages de la falaise était une véritable aventure. Les choses ont bien changé ! Aujourd’hui, dans chaque village, au moins un campement (modeste), une échoppe proposant boissons (presque) fraîches et un artisanat encore authentique. Malgré tout, chaque découverte doit encore se mériter, particulièrement dans certaines falaises ou sur le plateau des 3 Yougas.
Dogon. Ce nom évoque une culture et une mythologie fascinantes. Comme d’autres civilisations « premières », ils ont trouvé ou deviné des planètes, bien avant les scientifiques européens, ils ont transmis de génération à génération une philosophie, des pensées, un mode de vie, une explication de « la marche du monde » d’un grand intérêt. Marcel Griaule, Germaine Dieterlen (ethnologues de légende), Jean Rouch (cinéaste-réalisateur-ethnologue) sont des noms à jamais liés à l’étude de ce peuple. Mais aussi à la passion, à un réel amour pour cette terre où tout est beau. Dans sa nudité, dans sa dureté, dans son humilité. Dans sa richesse immatérielle.
Le pays Dogon se découvre à pied. Une découverte de 3 à 12 jours. Toujours avec un guide local. C’est obligatoire. Et surtout indispensable pour une meilleure compréhension d’un peuple attachant, au mode de pensée et de vie bien complexes pour nos esprits occidentaux tellement (bien trop ?) cartésiens. La religion, la poésie, les métiers, les outils, les lieux, les objets, tout a une signification symbolique. Le Dieu unique Amma est le Dieu d’eau, de fécondité. Il a créé la terre dont il fit son épouse. Elle lui donna un premier enfant imparfait, le Renard pâle. Ensuite, Nommo, à la fois mâle et femelle, maître de la parole. Univers complexe. D’autant plus passionnant lorsqu’on laisse de côté ses certitudes occidentales. Envie de découverte ? La falaise vous attend. Dans l’humilité de celui qui veut apprendre. Et dans le respect de ceux qui vous recevront.
Les éléphant du Sahel
12h30. Avril 2011. 47 degrés à l’ombre.
Assis sous un acacia, j’attends. Abruti par la chaleur. La grande mare de Banzena avec son eau couleur de plomb et ses rives ponctuées de troncs d’arbres desséchés à un aspect de bout du monde. Des troupeaux de bovins arrivent lentement, se désaltèrent quelques minutes avant de retourner dans la fournaise, en quête d’un peu d’herbe sèche.
J’attends. Car je sais qu’ils ne sont pas loin. Ils ? …. Les éléphants. L’un des derniers grands troupeaux d’Afrique de l’Ouest.
Ils sont environ 600 à vivre entre le Gourma Malien et le Burkina Faso. 600 individus fragmentés en plusieurs groupes suivant un tracé bien précis d’environ 450 kilomètres, tournant autour d’une région centrale peuplée d’agriculteurs. Ils se fixent pendant plusieurs semaines dans des forêts d’épineux proches d’un point d’eau avant de se rendre en un autre endroit où ils trouveront suffisamment d’eau et de nourriture.
Dans les épineux, ils sont dangereux. On ne les voit pas, on ne les entend pas. Plusieurs fois je me suis laissé surprendre, à deux doigts de l’accident fatal.
Au bord des mares, il y a moins de risques. Mais une grande prudence reste de mise.
L’augmentation de la population humaine, la déforestation, le développement des routes, les sécheresses successives, autant de menaces pour ces mastodontes. Dans les années 1980, les autorités maliennes, la Banque Mondiale, diverses ONG et quelques associations, notamment américaines (WILD : http://www.wild.org ), ont décidé de s’unir afin d’étudier et de sauvegarder ce troupeau unique. Ces animaux parfaitement adaptés aux conditions d’extrême aridité ont toujours vécu vivent en coexistence pacifique avec les éleveurs nomades touareg et peulh de la région. Mais depuis 2012, les groupes armés djihadistes et terroristes qui ont envahi le territoire du Nord-Mali et du Gourma tuent régulièrement les éléphants pour revendre l’ivoire, pourtant de piètre qualité. Le massacre menace dramatiquement la survie même de ce dernier troupeau de l’Afrique de l’ouest.
Sur la rive d’en face, brouhaha soudain. Les vaches et les ânes s’écartent précipitamment. Quelques barrissements, et ils apparaissent. Trente ? Quarante ? Des adultes impressionnants, des tout petits, des jeunes assez dissipés, tous se précipitent dans l’eau boueuse.
Un bain collectif spectaculaire. Une tranche de vie sahélienne.
Voyages
LES VOYAGES AU MALI SONT ACTUELLEMENT FORMELLEMENT DECONSEILLES, Y COMPRIS DANS LA ZONE AU SUD ET A L’EST DE MOPTI.
Le visa touristique
Un visa touristique (visa de séjour) est obligatoire. Pour éviter tout problème à l’embarquement du vol international (refus d’embarquement pour manque de visa) il est vivement conseillé d’obtenir un visa touristique avant votre départ.
Ambassades ou consulats du Mali
Paris 75006 FRANCE 89,
Rue du Cherche-Midi
Téléphone +33 1 45 48 58 43
Fax +33 1 45 48 55 34
Site pratique : http://www.routard.com/guide/mali/1221/avant_le_depart.htm
1060 Bruxelles BELGIQUE 487,
Avenue Molière
Téléphone +32 2 345 74 32
Fax +32 2 344 57 00
http://www.amba-mali.be
Ottawa,
Ontario K1N 8C8 CANADA 50
Avenue Goulburn
Téléphone (613) 232 1501 / 232 1502 Fax (613) 232 7429
www.ambamalicanada.org
Bâle, SUISSE
Téléphone (061) 295 38 88
Fax (061) 295 38 89
www.maliconsulat.ch Genève (section consulaire de l’ambassade du Mali) (Site Internet de la mission permanente du Mali à Genève – CH)
Compagnies aériennes desservant le Mali
Air France : www.airfrance.fr — www.airfrance.com
Royal Air Maroc : www.royalairmaroc.com
Point Afrique : http://www.point-afrique.com (vols vers Bamako)
Via Ouagadougou : Brussels Airlines : http://brusselsair-lines.com
L’argent
La monnaie locale est le franc CFA ( utilisé dans six autres pays voisins : Togo, Bénin Sénégal, Niger, Burkina Faso et Côte d’Ivoire). 1 Euro = 655 CFA. Les cartes de crédit et autres chèques de voyage sont très peu utilisés.
La santé
Vaccin obligatoire : fièvre jaune.
Vaccins (et rappels) conseillés : hépatite A, rage, tétanos, méningite, polyo. Entre juillet et décembre, il est vivement conseillé de prendre un anti-paludique (malaria). Les moustiques sont moins nombreux de janvier à juin (dans la zone sahé- lienne), mais le risque zéro n’existe pas… Emmenez avec vous une trousse médicale comprenant au minimum : un anti-diarrhéique, de l’aspirine et/ou du paracétamol, un anti-histaminique ou autre médicament pour allergie, un désinfectant pour plaies, de la pommade antibiotique , des gouttes oculaires, un produit anti-moustiques, une crème solaire, de la pommade pour les lèvres (surtout entre janvier et avril).
La sécurité
LES VOYAGES AU MALI SONT ACTUELLEMENT FORMELLEMENT DÉCONSEILLES, Y COMPRIS DANS LA ZONE AU SUD ET A L’EST DE MOPTI.
La zone frontalière avec le Niger et le Burkina Faso est également à éviter.
Et sur tout le territoire, ne roulez que de jour.
Les risques d’enlèvements et d’attaques sont réels (grand banditisme et terrorisme), et il est inutile de voir son voyage se transformer en cauchemar. Il y a bien suffisamment à voir et à vivre dans les zones sûres.
N’oubliez pas que les assurances ne vous couvriront pas si vous avez un problème dans une zone officiellement déconseillée par le Ministère des Affaires Etrangères de votre pays.
Pour info :